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Rêves oubliés, Léonor de Recondo

1936, une famille basque républicaine est déchirée et déracinée. Elle se cache dans le sud de la France à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, et tente de réinventer sa vie. Ama, la mère de famille, se lance timidement dans l’écriture pour ne pas oublier et endiguer le temps qui passe si vite. Son mari, Aïta, fait tout pour les rendre heureux elle et leurs trois enfants. Accompagnés de cousins, de frères, de grands-parents, puis ensuite de nombreux rebelles républicains, ils reconstruisent leur vie loin du luxe auquel ils sont habitués.

Rêves oubliés est un tout petit roman qui se lit très vite, un mini carnet de vie sans sentimentalisme et sans superflu, mais il pèche certainement beaucoup par sa simplicité. On croirait presque entrer dans l’album de famille de parfaits inconnus, aux moments les plus désagréables pour eux. Il n’est pas aisé de décrire la douleur, et l’auteur fait montre de beaucoup de pudeur et de respect, mais il nous manque justement ce petit plus qui va créer un réel lien avec le lecteur. Publié au départ par les éditions Sabine Wespieser, j’ai espéré découvrir un joyau, et j’ai été plutôt déçue.

Ce carnet à plusieurs voix a plusieurs dimensions, plusieurs sensibilités, et s’enrichit au fur et à mesure que les personnages évoluent et grandissent. On y aborde la vie, la mort, la peur, la perte, l’amour, la vieillesse, le partage, toutes les choses essentielles qui font la vie. Il ne lui manque finalement pas grand-chose pour être réellement attachant, peut-être un titre moins nunuche, et un peu plus de profondeur dans l’écriture, un peu trop premier degré et à mon goût. Le texte est très vert, très jeune en fait, il manque d’expérience et de maturité. Là où l’auteur veut éviter le pathos, elle le crée avec ses images et ses formulations clichés, et c’est franchement dommage. Peut-être le sujet est-il encore trop proche d’elle, de son histoire familiale, et elle a de la difficulté à s’en détacher et à y apporter plus de matière.

♥●●●● –1/5

Les pensées d’Otzan plongent, absorbées par la musique lancinante des vagues. Elles s’imbibent de sel, de coquillages, d’eau glacée, d’algues éparses. Et lentement, grâce à la brise naissante, ses angoisses s’envolent au loin, oubliant quelques instants cette ombre qui s’est arrimée à lui.
Talonné par les fraîches empreintes de ses pas, il continue son chemin en murmurant :
« Ma faute tourbillonne emportée
Par le vent avant de se noyer
Dans les ombres mouvantes. »
Otzan a l’âme si forte qu’elle porte l’histoire du monde.
Otzan a l’âme si sensible qu’elle s’émeut de la douceur du vent.

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